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Dix tipules à rechercher en Picardie

Publié le 12 mars 2024 par Simon Barbier

Les Tipules sont des diptères faisant partie du sous ordre des Nématocères. Il s’agit de “gros moustiques” qui sont sans danger pour l’homme puisqu’ils ne piquent pas. Les larves vivent principalement dans le sol ou dans la matière en décomposition (comme le bois mort). Dans cette enquête, nous nous intéresserons plus particulièrement à la super-famille des Tipuloidea (Diptères Nématocères) qui comprend les quatre familles suivantes, les Limoniidae, Cylindrotomidae, Pediciidae et Tipulidae. En Picardie, 132 espèces sont actuellement connues, pour un total de 202 espèces en région Hauts-de-France, ce qui en fait le territoire le mieux connu de France !
Ce n’est pas pour autant que les connaissances sont réparties sur l’ensemble de la région et peu de monde s’y intéresse réellement. Pourtant de nombreuses espèces ne sont pas difficiles à identifier, et beaucoup sont déterminables, simplement sur photos.

Beaucoup de ces espèces sont observables à vue, dans les jardins ainsi que dans les milieux naturels comme les zones de bocages, les marais ou les prairies. Une autre technique permettant de les observer est l’attraction par la lumière durant la nuit. Lors des inventaires de papillons de nuit, un grand nombre d’espèces viennent se poser autour de la lampe.

Afin de se lancer dans l’identification de ces “cousins”, nous vous proposons une enquête qui se focalise sur la recherche de 10 espèces faciles à identifier et bien présentes dans notre région.

Tipula oleracea et Tipula paludosa  :

Parmi les espèces de grande taille, il s’agit très certainement des deux tipules les plus connues du grand public. Elles sont présentes dans de nombreux milieux notamment du fait de leur pullulation à certains moments mais T. oleracea va préférer les milieux humides et T. paludosa, tout type de prairies.
Les deux espèces sont très similaires au niveau de la coloration mais quelques critères permettent de facilement les différencier.
Tout d’abord Tipula oleracea a une très longue période de vol, du début du printemps, jusqu’en automne alors que Tipula paludosa est une espèce automnale de mi-août à fin octobre.

Attention, les individus d’automne très tardifs (après fin octobre) sont à examiner afin de rechercher Tipula subcunctans, espèce morphologiquement très proche et très probable dans la région, dans les marais et zones inondables.

La séparation avec T. paludosa, qui prédomine largement dès début septembre, repose sur les caractères suivants :
- 13 articles antennaires (contre 14 pour T. paludosa)
dessous des yeux plus rapprochés, contrairement à T. paludosa
- la coloration de la base des antennes n’est pas tout à fait fiable, mais peut orienter avec - 2 premiers articles jaunes pour T. paludosa, contre 3 premiers jaunes ou plus pour T. oleracea.
Ajoutons également que l’abdomen des femelles de Tipula paludosa est généralement plus allongé par rapport à la longueur des ailes comme il est possible de le voir sur les premières photos.


Tipula vernalis  :

Il s’agit d’une autre tipule très commune et facilement observable en journée dans les milieux enherbés comme les prairies au printemps. Elle se rencontre principalement durant les mois d’avril et mai.

L’espèce s’identifie notamment par une combinaison de critères, comme :
- ses marques claires sur ses ailes (les rendant opaques sur certaines parties)
- une bande sombre sur le dessus de l’abdomen
- des yeux verdâtres
La femelle a également une tarière raccourcie, ce n’est pas la seule espèce avec cette particularité (comme par exemple T. fascipennis) mais cela permet d’éliminer un grand nombre d’espèces.

Tipula maxima :

Il s’agit certainement de la plus grande espèce présente en France. Elle ne s’observe jamais en grand nombre mais elle est pourtant commune dans les milieux humides, lisières de marais, bocages humides… Elle se rencontre surtout entre le mois de mai à août.

Son identification est relativement aisée, notamment par sa taille mais également par ses ailes caractéristiques avec ses motifs sombres, dont un triangle inversé au centre de l’aile.

Nephrotoma quadrifaria :

Passons à un autre genre, comportant également de nombreuses espèces en région, le genre Nephrotoma. L’espèce la plus facilement distinguable des autres étant Nephrotoma quadrifaria. Cette tipule est commune durant les mois de mai et juin et s’observe au niveau des lisières forestières, clairières, jardins et milieux bocagers.

Elle est facilement reconnaissable grâce à sa bande sombre en zigzag sur l’aile. Avec un peu d’habitude, la femelle se remarquera également avec les motifs noirs de son abdomen en forme de chevrons.

Nephrotoma appendiculata :

Il s’agit d’une espèce printanière, des milieux ouverts enherbés, sortant en masse au printemps (en avril, mai), souvent en compagnie de Tipula vernalis.

Plusieurs critères peuvent être utilisés mais d’aspect général, ce Nephrotoma est plus sombre que les autres ;
- pterostigma ("tâche antérieure apicale de l’aile") dépoli
- corps à fond jaune mais avec plus de 50% de sombre
- pleures (côtés du thorax) en grande partie sombre (>50%).
- large bande abdominale dorsale sombre large
Attention à Nephrotoma submaculosa, qui peut être ressemblante (entre autre, la tâche occipital est plus petite)

Limonia nubeculosa :

Autre genre, avec plusieurs espèces aussi dont la plupart sont communes, le genre Limonia.
Limonia nubeculosa est une espèce qui s’observe tout au long de l’année et dans tous les milieux. Elle a la particularité d’hiverner en grand nombre, dans les caves, les carrières souterraines, le lierre et les cavités arboricoles.

Il existe d’autres espèces similaires mais elle s’en distingue par :
- la présence de 3 anneaux sombres sur les pattes, au niveau des fémurs
- l’abdomen est alterné de bandes ocres et brunes foncées.
- nombreuses petites taches sombres sur les ailes

Limonia phragmitidis :

Cette espèce émerge en masse au printemps, notamment en avril-mai. Elle s’observe principalement dans les sous-bois.

Contrairement à Limonia nubeculosa, cette espèce est entièrement pâle mais ceci n’est pas discriminatif car beaucoup d’espèces peuvent être ressemblantes ! Ce qu’il faut retenir pour l’identifier facilement est :
- la présence d’une fine bande noire sur le dessus du thorax (allant vers la tête)
- 3 taches noires sur le bord de l’aile
- tête grisâtre
- 1 anneau sombre sur la base des fémurs

Epiphragma ocellare :

Voici un autre genre et une très jolie espèce, aux motifs alaires caractéristiques. Malgré le peu d’observations, il s’agit d’une espèce fréquente, vivant dans les sous bois dont la larve est saproxylophage. Elle est surtout visible durant la période de mai à juillet.

Cette grande espèce est facilement reconnaissable à la coloration de ses ailes, en forme d’ocelles mais également par la présence de deux anneaux sombres sur les fémurs.

Nigrotipula nigra :

Cette dernière espèce, peut être un peu plus rare de celles présentées dans cette enquête (ou plus discrète), est liée aux milieux marécageux, même si elle peut être rencontrée dans des sites un peu moins humides. Elle est visible principalement de mai à juillet.

Son identification est relativement aisée car comme son nom l’indique, sa coloration entièrement brune sur l’ensemble du corps, est caractéristique !

Vous connaissez désormais une dizaine d’espèces de tipules communes dans notre région. Il ne vous reste donc plus qu’à les trouver dans votre jardin, votre commune ou dans les environs et participer à l’amélioration des connaissances en Picardie !
Pour cela, vous pouvez saisir vos observations dans Clicnat, en ajoutant si possible, une ou plusieurs photos liées à votre rencontre. De nombreuses espèces sont encore à trouver dans notre région, plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances de mieux connaître notre faune locale !

Un grand merci à Clovis Quindroit, sans qui cette enquête n’aurait pas vu le jour et qui permet de s’intéresser à ce groupe de diptères méconnus, grâce à son travail comme “le premier catalogue des espèces présentes en région Hauts-de-France”.

Pour tous renseignements supplémentaires sur les Tipuloidea :
Clovis QUINDROIT
Simon BARBIER


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