Etudes et observations

Régime alimentaire des phoques : premiers éléments de réponse !

Publié le 22 novembre 2017 par Sarah Monnet


Le projet Eco-phoques commença en 2015. Coordonné par le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (UMR CNRS/Université de La Rochelle), il est conduit en collaboration avec les associations CMNF (Coordination Mammalogique du Nord de la France), ADN (Association Découverte Nature), Picardie Nature et le GEMEL (Groupement d’Etude des Milieux Estuariens et Littoraux) ainsi que le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale.

Les objectifs de ce projet sont d’établir les « Bases scientifiques pour une meilleure connaissance des phoques et de leurs interactions avec les activités humaines en Manche Nord-Est ». Prévu pour une durée totale de 36 mois, il prendra fin prochainement, en février 2018.

Les actions menées dans le cadre de ce projet ont été organisées selon trois grands axes, coordonnés chacun par des organismes différents :
Axe 1 - Distribution et abondance des phoques (coordination CMNF, ADN et Picardie Nature)
Axe 2 - Ecologie alimentaire des phoques (coordination CEBC)
Axe 3 - Interactions entre activités humaines et phoques (coordination GEMEL)

Lors du séminaire annuel du RNE (Réseau National Echouage) qui s’est tenu les 11 et 12 novembre derniers, Yann Planque de l’Université de la Rochelle a présenté les premiers éléments de réponse concernant l’analyse du régime alimentaire des phoques sur la côte d’Opale. Il reste quelques analyses finales à réaliser mais les principaux résultats sont quasi définitifs. Vous retrouverez ci-dessous les principales lignes énoncées et, sur le lien suivant, l’ensemble de son diaporama en pdf.

Pour commencer, avant de pouvoir étudier leur régime alimentaire, il faut déjà avoir des données à analyser. Pour ce faire, Yann et les bénévoles des différentes associations partenaires, dont Picardie Nature, ont ramassés des fèces des 2 espèces de phoques présentes sur le territoire : le Phoque veau-marin et le Phoque gris. Après un travail minutieux de tri des échantillons en laboratoire, il a pu extraire et identifier les parties durs qui s’y trouvaient : otolithes, bec de céphalopodes...

Les otolithes correspondent à des concrétions minérales se trouvant dans l’oreille interne des poissons. Or, il faut savoir que chaque otolithe est caractéristique d’une espèce. Il nous est donc possible de déterminer les espèces de poissons ingérés. De même, sa taille est fonction de la taille globale de la proie. En plus de savoir de quelle espèce il s’agit, on peut donc savoir si le phoque a mangé une proie de petite ou de grande taille !

Les résultats obtenus nous permettent ainsi de caractériser le régime alimentaire des 2 espèces de phoques. Les premiers éléments apportés grâce à cette technique nous renseignent sur une stratégie alimentaire qui semble partiellement différente : le Phoque veau-marin s’alimente pour 85% de poissons plats (de type Plie, Flet, Sole et autres soléidés) et 15 % de poissons ronds (Dragonnets, Mulets, Grandes Vives...) ; alors que le Phoque gris consomme pour 60% de poissons plats (idem), 30% de poissons ronds (principalement du Harengs) et 10% de céphalopodes (des Encornets pour la plupart).

En ce qui concerne la taille des proies, pour l’exemple des Pleuronectidés (Plie et Flet), leur stratégie alimentaire est là encore, distincte. Le Phoque veau-marin affectionne particulièrement les proies comprises entre 6 et 9 cm alors que le Phoque gris s’attaque à des proies plus grosses, de l’ordre de 18 à 30 cm.

A première vue, il n’y aurait pas de variabilité inter-saisonnière pour les Phoques veaux-marins. Cependant, cela ne peut être certifié car l’échantillonnage n’a pu être effectué équitablement sur toutes les périodes de l’année. Nous avons un peu plus de visibilité concernant les Phoques gris. Durant le premier trimestre, ils consomment de façon équivalente les poissons plats et les autres espèces. Par contre, lors du deuxième trimestre, les poissons plats représentent la majorité de son régime alimentaire avec 93% de la biomasse consommée.

L’analyse des fèces n’est qu’une des quatres méthodes utilisées lors cette étude du régime alimentaire dans le cadre du projet Eco-phoques. Les autres méthodes (analyses de contenus stomachaux, des isotopes stables contenus dans les vibrisses et des données receuillies par télémétrie) nous apportent tout autant de précieux renseignements sur leur biologie et leur écologie. Je vous laisse les découvrir dans le diaporama.


Toutes ces nouvelles informations nous permettront de protéger ces espèces et de travailler ensemble, tous les acteurs du territoire réunis, dans le futur. Un grand merci donc à tous les partenaires de ce projet !


Mots clés : Phoques Partager : http://l.picnat.fr/pwz

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