Présentation des Campagnols amphibie et terrestre aquatique
Le Campagnol amphibie Arvicola sapidus et le Campagnol terrestre aquatique Arvicola terrestris amphibius sont deux espèces de rongeurs présentes en Picardie. Elles vivent dans des milieux similaires, des cours d’eaux ou étangs aux berges riches en végétation, mais elles vivent sur des zones géographiques voisines mais différentes, le Campagnol amphibie plus au Sud-ouest et le Campagnol terrestre aquatique plus au Nord-est. La limite de répartition entre les deux espèces traverse la Picardie du Nord-ouest au Sud-est. La région est donc la limite Nord-est de la répartition mondiale du Campagnol Amphibie et la limite Ouest de la répartition du Campagnol terrestre aquatique.
En outre, ces deux espèces se ressemblent énormément et ne sont pas différentiables de manière simple et certaine lors d’observations directes d’individus, d’indices (crottiers, réfectoires, traces) ou de crânes dans des pelotes de réjection. Les deux seules techniques permettant de les identifier sans erreur sont la capture et la prise de mesures biométriques (taille du pied, de la queue, etc.) ainsi que les analyses ADN (à partir de poils ou de crottes).
En 2012, Picardie Nature a donc classé le Campagnol amphibie dans les espèces prioritaires à suivre afin d’améliorer les connaissances sur le genre Arvicola.
Dans ce contexte, deux stagiaires, Pauline Lahaye et Simon Barbier, ont été recrutés pour mener une étude sur ce dernier et une journée d’étude du réseau mammifères terrestres spécifique au Campagnol amphibie s’est également tenue le dimanche 10 juin, suivie d’une session de capture jusqu’au 14 juin.
Ces quatre jours de capture ont été organisés en collaboration avec la SFEPM (Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères) entre Soissons et Villers-Cotterêt, secteur suspecté d’abriter la limite de répartition des deux espèces.
Journée d’étude du réseau mammifères terrestres et session de capture : récit de quatre jours de prospection intensive !
Tout commence au matin du dimanche 10 juin à Vic-sur-Aisne, où
quelques bénévoles encadrés par Guénael Hallart (coordinateur du réseau mammifères terrestres de Picardie Nature) et Pierre Rigaux (spécialiste de l’espèce à la SFEPM), se regroupent pour la journée d’étude du réseau Mammifères terrestres de Picardie Nature. Cette journée a deux objectifs :
faire découvrir les méthodes de détection des deux espèces aux participants ;
repérer des indices de présence de l’une ou l’autre des deux espèces afin de pouvoir y poser des pièges (ratières non létales) et ainsi capturer des campagnols.
L’équipe part donc patauger pour la journée dans des étangs et petits cours d’eau riches en végétation à la recherche de crottiers, réfectoires (restes végétaux de repas) ou traces cachés dans la végétation aquatique des berges. Cette recherche, bien qu’infructueuse sur certains sites, permet tout de même de détecter quelques indices de présence sur de nouveaux secteurs, venant compléter ceux trouvés la semaine précédente par Pauline et Simon. Ces découvertes sont précieuses dans la mise en place du programme de capture des jours suivants.
En fin d’après-midi, vient l’heure du départ pour les bénévoles venus passer la journée à la recherche des indices de campagnols. C’est également le commencement d’une seconde journée pour l’équipe chargée de la capture !
Dès le dimanche soir, des pièges sont posés à la tombée de la nuit sur trois sites où des indices ont été trouvés précédemment, avant de rentrer au gîte vers minuit pour une nuit bien courte.
4h00, le réveil sonne (déjà), tout juste le temps de boire une infusion ou un café, d’enfiler ses cuissardes et l’équipe file sur le terrain. Arrivés sur place, c’est l’heure du verdict : le relevé des pièges posés la veille. L’équipe se met en action et dès le relevé de la première ligne de pièges à Ambleny, bingo !
Les premiers campagnols du genre Arvicola sont capturés et font vite oublier le réveil précoce. L’équipe s’affaire alors à examiner les individus, l’oreille attentive aux conseils de Pierre venu notamment pour former l’équipe Picarde. Tout d’abord, les Campagnols sont sortis un à un des ratières et placés dans un sac. Ensuite, il faut prendre les mesures biométriques, la taille du pied postérieur, de la queue, le poids, prélever des poils pour les analyses ADN et marquer les individus (simple coupe superficielle des poils sur une petite zone afin de faire apparaître la couleur noire de la base des poils et obtenir une marque foncée sur la robe du rongeur). Cette dernière précaution a pour but d’éviter de les manipuler inutilement en cas de recapture ultérieure.
En tant que spectateurs, ces manipulations semblent simples, mais
chacun se rend compte quand son tour arrive que ça n’est pas vraiment le cas. Toutefois, après quelques couinements et gesticulations des campagnols compliquant la tâche, toute l’équipe acquiert les gestes nécessaires à la bonne manipulation de ces petits animaux. Ils sont ensuite relâchés, vient l’heure d’aller vérifier les autres pièges.
Sur le site suivant, à Saint-Christophe-à-Berry, des Campagnols du genre Arvicola sont également capturés et étudiés de la même façon. Seul le troisième et dernier site, à Chevillecourt, ne donnera aucun résultat, hormis la capture d’un Campagnol agreste.
Une fois le relevé de tous les pièges terminé, l’équipe rentre au gîte pour un petit déjeuner bien mérité. La suite de la journée est alors destinée à la recherche de nouveaux sites potentiels afin de déplacer les pièges le lendemain.
Puis le soir venu, les pièges sont à nouveau relevés, avec le même succès : des Campagnols du genre Arvicola sur les deux premiers sites, certains déjà marqués et d’autres non, et un Campagnol agreste sur le troisième.
Au fil des jours, ces prospections et manipulations sont répétées et les pièges sont déplacés afin de réaliser des captures sur un maximum de sites différents.
Bilan de la session
Au final, durant ces 4 jours de capture, des indices (crottiers ou réfectoires) de présence de l’une ou l’autre des deux espèces ont été découverts sur 14 sites sur les communes d’Ambleny, Chevillecourt, Coeuvres-et-Valsery, Corcy, Couloisy, Courtieux, Faverolles, Longpont, Louatre, Mercin-et-Vaux, Pernant, Saint-Bandry, Saint-Christophe-à-Berry et Vierzy. Faute de temps, l’ensemble de ces sites n’a pas pu faire l’objet de captures par la suite, mais des Campagnols du genre Arvicola ont été capturés sur 4 d’entre eux (Ambleny, Corcy, Longpont et Saint-Christophe-à-Berry). Dans l’attente d’une confirmation par l’ADN, les Campagnols capturés sur trois de ces sites sembleraient être des Campagnols terrestres aquatiques. Sur le quatrième site, en limite Nord-est de la Forêt de Retz, un individu capturé a été identifié de manière certaine comme un Campagnol amphibie, de par sa taille beaucoup plus imposante.
Cette session de capture a donc été une véritable réussite puisque les deux espèces ont semble-t-il été trouvées (dans l’attente des confirmations ADN), ce qui permet de préciser un peu plus la localisation de la limite de répartition des deux espèces dans le Soissonnais.
Picardie Nature tient à remercier tous celles et ceux qui ont participé à ce suivi, notamment Pierre Rigaux qui a spécialement fait le voyage en Picardie, pour leur aide remarquable et leur bonne humeur et qui ont fait de cette session à la fois un moment instructif mais aussi convivial !
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