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Le Hérisson d’Europe

Publié le 21 décembre 2020 par Thomas Hermant

Emblème de Picardie Nature et de France Nature Environnement, le Hérisson d’Europe est un animal bien connu de tous. Il fait partie de ces espèces qui bercent notre imaginaire dès notre plus jeune âge. Hôte régulier des jardins, ce petit animal attachant qui ne manque pas de piquant est souvent le héros de livres pour enfants ou de dessins animés. Il s’immisce aussi régulièrement à proximité des maisons lors des longues soirées d’été dont il vient interrompre le calme par ses bruits inquiétants de grattements, ses grognements et ses soufflements. Mais que savez-vous réellement de lui ?

Hérisson recherchant de la nourriture de nuit dans un jardin - Thomas HERMANT

Qui est le Hérisson ?
Le Hérisson d’Europe est un mammifère, ce qui signifie que la femelle possède des mamelles pour allaiter ses petits. Largement répandu à travers l’Europe, c’est un animal nocturne qui chasse à partir du crépuscule et passe ses journées caché à dormir. Il vit principalement dans les lieux lui offrant le gîte et le couvert, donc des zones parsemées de broussailles, de cachettes et abritant une bonne quantité d’invertébrés. C’est ce qui explique qu’on le retrouve fréquemment dans les jardins et parcs, mais plus rarement dans les zones de grandes cultures. Les individus adultes atteignent généralement 25 à 30 cm pour un peu plus d’1 kg et leur durée de vie moyenne en milieu naturel est de 2 à 3 ans. D’un point de vue morphologique, ses piquants en font une espèce atypique dans notre région. Ils lui permettent de se protéger des dangers en se roulant en boule à l’approche d’une menace. Son museau en forme de groin et son odorat développé lui permettent de détecter sa nourriture en fouillant le sol. Il se régale notamment de vers, d’insectes, de limaces, d’escargots ou encore de fruits, ce qui fait de lui l’ami inconditionnel du jardinier !

Lorsqu’un Hérisson sort en plein jour, cela est rarement bon signe. Il finit généralement affaibli par des attaques de parasites qui entraînent sa mort - Thomas HERMANT

Son cycle de vie
Comme ses petites cousines les chauves-souris ou ses plus gros cousins les ours, le Hérisson est une espèce qui hiberne. À l’automne, quand la nourriture se fait plus rare et que les températures chutent sous les 10°C, il se trouve une cachette pour y construire un nid garni de feuilles dans lequel il va se rouler et s’endormir pour passer l’hiver. Au printemps, quand les températures atteignent à nouveau les 10°C, il sort de sa léthargie et se remet en quête de nourriture pour reconstituer ses réserves consommées pendant l’hibernation. C’est alors le début du rut qui va s’étaler jusqu’en août. De mai à septembre, après 5 à 6 semaines de gestation, les femelles peuvent mettre bas 1 à 2 portées de 3 à 7 petits. À la naissance, ces derniers sont nus et cachés dans un nid construit par la femelle. Ils commencent à sortir du nid au bout de 3 semaines et le sevrage survient vers leur 40ème jour. Ils restent ensuite avec leur mère jusqu’à ce qu’elle les chasse à 2 mois environ. Vient alors la période de dispersion des jeunes, avant l’entrée en hibernation et le début d’un nouveau cycle !

Un animal en raréfaction
Bien que protégé par la loi, et n’étant pas classé parmi les espèces menacées au niveau national ou régional, le Hérisson n’est reste pas moins une espèce fragile qui se raréfie au même titre que les Moineaux et les Hirondelles. Les estimations de son déclin ne font pas consensus au sein de la communauté scientifique, les tendances étant difficiles à apprécier, mais la diminution significative de ses effectifs au cours des dernières décennies est bel est bien réelle. Et les menaces qui pèsent sur lui sont quotidiennes.

Danger, voitures ! Durant les différentes périodes de son cycle de vie, et contrairement à ce que nous pourrions imaginer, le Hérisson se déplace sur d’importantes distances. Il peut en effet parcourir plusieurs kilomètres pour trouver un ou une partenaire, pour trouver de la nourriture ou lors de la dispersion des jeunes. Et c’est lors de ces déplacements qu’il se retrouve confronté à l’un des principaux fléaux pour l’espèce : la circulation routière. Qui n’a jamais observé de Hérisson traversant une route, ou, le plus souvent, écrasé sur la chaussée ? En Picardie, c’est l’animal qui fait l’objet du plus grand nombre de signalements de mortalité routière, de loin devant le Lapin.

Hérisson mort suite à une collision avec un véhicule - Guénael HALLART

Alerte aux produits toxiques ! Une autre cause de mortalité chez le Hérisson est l’utilisation de produits phytosanitaires dans son environnement et notamment dans les jardins. Un des exemples les plus connus est l’utilisation des granulés à limaces que ces dernières vont ingérer avant d’être consommées par les Hérissons, l’accumulation de ces substances chimiques pouvant lui être fatales ensuite.

Disparition d’habitat ! Comme bon nombre d’espèces, le Hérisson souffre énormément de l’homogénéisation et de la fragmentation des habitats naturels. La disparition des zones de bocage et des haies, les jardins et parcs entretenus au cordeau, la multiplication des obstacles tels que les clôtures hermétiques, sont autant de facteurs qui détruisent ses lieux de vie et accélèrent sa disparition.

Attention aux débrouissailleuses ! Les opérations d’entretien des jardins peuvent aussi nuire au Hérisson. En effet, le débroussaillage ou le déplacement d’un tas de bois de mai à août peuvent mettre à mal la survie des jeunes. Dans certains cas, les individus sont indirectement impactés en se retrouvant à découvert et donc exposés à diverses menaces. Dans d’autres cas, l’impact est plus direct et des individus peuvent être blessés ou tués par les outils utilisés. En hiver, le déplacement d’un tas de végétaux ou le débrouissaillage peuvent aussi conduire à une mortalité des individus en hibernation.
Un tout nouveau fléau est aussi en train de perturber encore un peu plus la vie des Hérissons : la multiplication des robots tondeuses autonomes. En effet, ces tondeuses sans pilotes sont parfois utilisées au crépuscule ou de nuit par leurs propriétaires et les cas de blessures rapportés sur des Hérissons sont de plus en plus fréquents.

Comment l’aider ?
Outre les mesures prises à plus grande échelle comme l’aménagement de passages sous les routes ou la diminution des produits phytosanitaires dans les cultures et les communes, chacun peut contribuer par des gestes simples pour aider le Hérisson :

  • être attentif et adapter sa vitesse sur les routes, notamment en soirée à la fin de l’été et à l’automne durant la période de dispersion des jeunes ;
  • éviter l’utilisation de produits chimiques dans son jardin (diverses alternatives existent comme les granulés de ferramol par exemple contre les limaces) ;
  • éviter les interventions de nettoyage ou de débroussaillage de votre terrain en période de reproduction et être vigilant pendant la période d’hibernation ;
  • éviter l’utilisation de robots tondeuses, en particulier en soirée et la nuit ;
  • favoriser son installation au jardin en laissant des zones non fauchées, des tas de branches et de feuilles et en installant éventuellement un gîte à Hérissons ;
  • favoriser sa circulation au sein du village ou du quartier en laissant des petits passages dans les clôtures séparant les jardins, ce qui limitera ses déplacements dans les rues ;
  • mettre une planche dans vos bassins ou piscines permettant aux animaux d’en ressortir et donc de ne pas se noyer ;
  • planter des haies d’arbres et arbustes locaux dans votre jardin.

Haie et bande d’herbe non fauchée - Thomas HERMANT

Aménagement de cachettes - Thomas HERMANT

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État des connaissances fin 2020 sur le Hérisson en Picardie d’après Clicnat


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