Lettre ouverte à Monsieur le Préfet de l’Oise pour siginifier l’opposition de Picardie Nature au projet de centrale électrique de Direct Energie à Verberie (60).
Monsieur le Préfet,
Nous avons l’honneur d’attirer respectueusement votre attention sur la situation suivante.
Direct Energie a présenté en septembre 2008 un projet de centrale électrique à gaz cycle combiné d’une puissance de 840mW (2 générateurs de 420mW) sur le territoire de la Communauté de communes de Basse Automne. Ce projet avait été accepté par les élus de la CCBA au printemps 2008 dans des conditions assez floues. Depuis l’automne 2008, une opposition à ce projet s’est mise en place, notamment par la création de l’association « Pas de centrale en Basse Automne ».
Ce projet répondrait à une demande de l’État afin d’accroitre la capacité de production électrique et de régler la problématique des pics de consommation. Les centrales à gaz cycles combinés répondraient à cette demande par une plus grande réactivité.
Il appelle de votre part les remarques suivantes.
Tout d’abord ce projet est implanté sur les hauteurs de Verberie et de St Vaast de Longmont, à la limite du Parc Naturel Régional Oise pays de France, de la zone Natura 2000 « Coteau de vallée de l’Automne », l’un des derniers grands biocorridors que compte la Picardie, donnant toute la valeur patrimoniale naturelle au PNR Oise Pays de France.
L’implantation bénéficie à cet endroit de la proximité de la ligne RTE, d’un gazoduc et de l’Oise pour l’eau de refroidissement, ce qui répond en premier lieu à une logique plus économique qu’écologique. L’implantation initiale bloquait complètement le biocorridor, qui plus est dans la continuité d’un passage faune réalisé sur la ligne grande vitesse, le rendant ainsi obsolète.
Suite aux premières protestations, le projet a été décalé afin de laisser un passage symbolique sur le biocorridor, ce qui ne garantie en rien la pérennisation de l’utilisation de ce corridor et du passage faune sur la ligne grande vitesse. Aucune étude ne prouve l’accommodation de la faune à l’impact occasionné par le bruit et la lumière qu’engendre une telle structure.
Cette modification de l’implantation de la centrale n’est qu’une action de communication et ne concerne pas les installations de transformation électrique de RTE.
Aucune autre alternative d’implantation plus appropriée n’a été proposée sur le territoire alors qu’une étude plus approfondie pourrait mettre en évidence des friches industrielles aptes à l’aménagement d’un tel projet, quitte à scinder le projet en deux unités de productions plus petites.
Enfin concernant la pertinence de ce projet face aux engagements de l’État, ce type d’installation, centrale gaz à cycles combinés, se veut plus rentable que les anciennes installations, avec un taux de rendement de 58%. Ce taux théorique ne prend pas en compte les besoins en énergie pour le transport du gaz, sa liquéfaction, son extraction, etc.
Il aurait été préférable de promouvoir une centrale électrique avec un processus de méthanisation. Ce type de centrale, de puissance équivalente, à l’avantage de traiter le méthane (gaz à effet de serre plus nocifs que le dioxyde de carbone) issu de la décomposition de nos déchets organiques.
Par ailleurs aucune communication efficace n’est faite sur la problématique des pics de consommation ou sur l’incitation à l’économie d’énergie et la mise en place d’une politique de sensibilisation.
Il est a noter que la France s’est engagée à 20% d’économie d’énergie, 20% d’énergie renouvelable et 20% de gaz à effet de serre en moins pour 2020, et qu’à l’heure de la mise en place de la trame verte et bleu, ce projet réduit à néant le travail réalisé par les associations auprès du MEEDAT pour une véritable politique de développement durable du territoire. Nous nous interrogeons sur la pertinence d’un tel projet alors que les effets d’économie d’énergie restent insuffisants.
La préservation des ressources énergétiques de toutes natures s’impose comme une responsabilité capitale vis-à-vis des générations futures. Relever les défis du dérèglement climatique suppose d’instaurer une politique radicale d’efficacité (réduction des pertes) et de sobriété (réduction des gaspillages et rationalisation des usages) énergétiques et une action énergique en faveur des économies d’énergie et du développement des énergies éco-renouvelables (et pas seulement une décarbonation de l’économie).
Notre association a l’honneur de vous informer qu’elle demeure opposée au projet et qu’elle utilisera tous les moyens légaux pour qu’il ne se concrétise pas.
Confiant dans l’intérêt que vous portez à la préservation de l’environnement et dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, en l’expression de nos salutations les plus distinguées.
Le Président
Patrick THIERY
Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
membre de France Nature Environnement, agréée par les ministères de l'Écologie et de l'Éducation Nationale
Picardie Nature - 233 rue Eloi Morel - 80000 AMIENS
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