Picardie Nature a pris soin de venir consulter l’enquête publique relative au projet d’implantation d’une centrale électrique présenté par la société YFREGIE. Aussi nous vous faisons part de nos remarques et observations.
Nos premières remarques se portent sur l’implantation du projet. Il est implanté sur les hauteurs de Verberie et de St Vaast de Longmont, à la limite du Parc Naturel Régional Oise pays de France, de la zone Natura 2000 « Coteau de vallée de l’Automne », l’un des derniers grands biocorridors que compte la Picardie, donnant toute la valeur patrimoniale naturelle au PNR Oise Pays de France.
L’implantation bénéficie à cet endroit de la proximité de la ligne RTE, d’un gazoduc et de l’Oise pour l’eau de refroidissement, ce qui répond en premier lieu à une logique plus économique qu’écologique. L’implantation initiale bloquait complètement le biocorridor, qui plus est dans la continuité d’un passage faune réalisé sur la ligne grande vitesse, le rendant ainsi obsolète.
Suite aux premières protestations, le projet a été décalé afin de laisser un passage symbolique sur le biocorridor, ce qui ne garantie en rien la pérennisation de l’utilisation de ce corridor et du passage faune sur la ligne grande vitesse. Aucune étude, même celle présentée par le bureau d’étude, ne prouve l’accommodation de la faune à l’impact occasionné par le bruit et la lumière qu’engendre une telle structure.
Cette modification de l’implantation de la centrale n’est qu’une action de communication et ne concerne pas les installations de transformation électrique de RTE.
Aucune autre alternative d’implantation plus appropriée n’a été proposée sur le territoire alors qu’une étude plus approfondie pourrait certainement mettre en évidence des friches industrielles aptes à l’aménagement d’un tel projet, quitte à scinder le projet en deux unités de productions plus petites.
En second lieu nous avons constaté que l’étude d’impact environnemental, plus particulièrement le volet sur la faune et la flore, n’est constitué que d’une étude bibliographique, basée sur les inventaires faunistiques et floristiques des ZNIEFF, site Natura 2000 ou autre sites naturels situés à proximité du lieu d’étude. Aucunes nouvelles observations n’a été faite pour compléter les inventaires déjà réalisés. Même si le site d’implantation est situé sur zone cultivée, celle-ci représente en elle-même un biotope pouvant abrité des espèces remarquables. Comment alors s’assurer de l’innocuité de l’installation sur les enjeux faunes et flores sans études in situ ?
Troisièmement, nous n’avons vu aucune étude sur l’impact de l’installation de la centrale de transformation de l’électricité produite et du transport de celle-ci. Quels vont être les impacts cumulés de la centrale et des installations de Réseau de Transport de l’Electricité (RTE).
A l’heure de l’étude du projet de loi sur la Trame Verte et Bleue pour la préservation et la restauration des continuité écologiques, nous nous interrogeons sur les impacts cumulés qu’engendreront à terme la centrale et le réseau de transport de l’électricité en phase de fonctionnement mais également en phase de chantier.
Enfin, concernant la pertinence de ce projet face aux engagements de l’État, ce type d’installation, centrale gaz à cycles combinés, se veut plus rentable que les anciennes installations, avec un taux de rendement de 58%. Ce taux théorique ne prend pas en compte les besoins en énergie pour le transport du gaz, sa liquéfaction, son extraction, etc.
Il aurait été préférable de promouvoir une centrale électrique avec un processus de méthanisation. Ce type de centrale, de puissance équivalente, à l’avantage de traiter le méthane (gaz à effet de serre plus nocifs que le dioxyde de carbone) issu de la décomposition de nos déchets organiques.
Par ailleurs aucune communication efficace n’est faite sur la problématique des pics de consommation ou sur l’incitation à l’économie d’énergie et la mise en place d’une politique de sensibilisation.
Il est a noter que la France s’est engagée à 20% d’économie d’énergie, 20% d’énergie renouvelable et 20% de gaz à effet de serre en moins pour 2020, et qu’à l’heure de la mise en place de la trame verte et bleu, ce projet réduit à néant le travail réalisé par les association auprès du MEEDAAT pour une véritable politique de développement durable du territoire. Nous nous interrogeons sur la pertinence d’un tel projet alors que les effets d’économie d’énergie restent insuffisants.
La préservation des ressources énergétiques de toutes natures s’impose comme une responsabilité capitale vis-à-vis des générations futures. Relever les défis du dérèglement climatique suppose d’instaurer une politique radicale d’efficacité (réduction des pertes) et de sobriété (réduction des gaspillages et rationalisation des usages) énergétiques et une action énergique en faveur des économies d’énergie et du développement des énergies éco-renouvelables (et pas seulement une décarbonation de l’économie).
Vu les enjeux et les risques encourus pour le biocorridor, vu les incertitudes sur les impacts cumulés pour les continuités écologiques, Picardie Nature affirme plus que jamais son opposition au projet.
Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
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