Sensibiliser un large public sur l’impact du champignon Bsal

Salamandre tachetée gravement menacée : Alerte au champignon Bsal !

Publié le 11 juillet 2024 par Sébastien Legris

Le champignon Bsal (Batrachochytrium salamandrivorans) a été détecté pour la première fois en 2013, à la suite d’une forte mortalité de salamandres dans une réserve naturelle aux Pays-Bas. Depuis, ce pathogène s’est rapidement étendu en Europe, avec des cas détectés aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique et en Espagne. Le Bsal est suspecté d’être apparu via des salamandres et des tritons importés d’Asie et porteurs sains, contrairement aux espèces européennes. Les études montrent que les 5 espèces d’urodèles présentes dans la région des Hauts-de-France sont susceptibles d’être contaminées, avec un risque particulièrement accru pour la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) dont le taux de mortalité atteint 100 %, faute de réponse immunitaire.
A noter que le pathogène Bsal a la particularité de se développer très vite et de faire disparaître une population de Salamandre tachetée en quelques semaines. Cette rapidité de propagation fait que les probabilités de détecter Bsal sur le terrain sont extrêmement faibles, avec des individus contaminés qui passent généralement inaperçus. De nombreuses populations de Salamandre tachetée des Hauts-de-France pourraient ainsi disparaître en toute discrétion.
Aucune solution n’existe actuellement pour enrayer la lente avancée du pathogène. Les essais en laboratoire pour rendre la Salamandre tachetée résistante au Bsal sont non concluants. Le champignon peut se soigner en élevant la température du milieu ambiant, mais les individus à nouveau réinfectés (même à plusieurs reprises), finissent par mourir.

État actuel de la situation en France et dans les pays voisins
Aucun cas n’a actuellement été détecté en France, mais il est difficile d’attester que le pathogène n’a pas encore atteint le pays et notamment la région des Hauts-de-France. La situation est préoccupante chez nos voisins belges, comme en Wallonie avec 28 foyers avérés ou probables. Certains sont proches de la frontière, aux environs de Dinant par exemple, à moins de 15km des Ardennes françaises. En Allemagne la situation est très mauvaise, avec un grand nombre de populations infectées dans l’ouest du pays, mais aussi de récents foyers beaucoup plus au sud (près de la frontière avec l’Autriche).

http://bsaleurope.com/european-distribution/

Reconnaître des individus infectés par le Bsal sur le terrain
Les salamandres atteintes par le Bsal présentent des lésions cutanées qui sont généralement visibles à un stade avancé de la maladie (voir fiche ci-dessous). L’observation d’individus apathiques, avec des problèmes de coordination motrice, des gigotements dans tous les sens… sont des indices qui doivent alerter.

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Pathologies des Amphibiens en France

Besoin d’intensifier les efforts de surveillance ! Chacun peut jouer son rôle !
Actuellement, l’unique moyen d’appréhender la propagation du pathogène consiste à réaliser une surveillance accrue des populations tout en améliorant la remontée d’informations concernant l’observation d’individus infectés ou de cadavres ! Cela doit passer par la constitution d’un réseau d’observateurs et l’information d’un large public.
L’association propose deux enquêtes pour améliorer les connaissances sur les populations de salamandres et assurer une veille en lien avec l’arrivée du Bsal :
- un suivi de la Salamandre tachetée en phase terrestre d’après le protocole "la nuit des dragons"
- un inventaire des zones de reproduction de la Salamandre tachetée
Chacun peut également contribuer à faire remonter des informations inhabituelles d’amphibiens malades ou morts, en particulier de Salamandre tachetée dans le cadre de la détection du Bsal 

Vers un élevage de conservation
Dans le cadre d’un partenariat entre Picardie Nature, le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et le Zoo d’Amiens, un élevage de Salamandre tachetée au sein du zoo, est prévu d’ici 2025. Cet élevage sera initié à partir d’individus captifs, afin de maîtriser au mieux les conditions de maintien de l’espèce en captivité. Il s’agit ainsi de s’apprêter à un éventuel prélèvement d’individus sauvages, afin de sauvegarder un réservoir génétique de l’espèce et de permettre une réintroduction d’individus en cas de disparition massive liée au Bsal. Ce programme est aussi un moyen fort pour sensibiliser les citoyens sur les menaces, la protection et la conservation des amphibiens locaux.


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