Protection des busards

La protection des busards en Picardie : Bilan 2024

Publié le 16 septembre 2024 par Acloque Vincent, Anne-Gaëlle Mothé, Sébastien Legris

Les busards sont des rapaces menacés et protégés qui ont la particularité de nicher au sol, majoritairement au sein des cultures de céréales, ce qui implique un fort risque de destruction des nids durant les moissons. Des protecteurs de busards, aussi appelés « busardeux », agissent un peu partout en France pour repérer et protéger les nids avant les travaux de fauche. L’action se déroule d’avril à août et nécessite un travail de médiation avec les agriculteurs, notamment pour installer des cages de protection autour des nids. En Picardie, l’opération est réalisée depuis les années 90. En partie essoufflée au cours des années 2010, elle a redémarré en 2019 et a repris progressivement de l’ampleur, avec en 2023 une trentaine de nids suivis et une douzaine de protections installées, ceci grâce à un investissement humain croissant.

En 2024, le groupe « busard » de Picardie est constitué d’une trentaine de bénévoles et d’un renfort de 4 salariés, dont un CDD de 4 mois à plein temps sur la mission. Cette année, 2 services civiques et un stagiaire ont rejoint les troupes, ce qui a permis d’approfondir les recherches sur un secteur de l’Oise compris entre Francastel (60) et Montdidier (80).

Chaque citoyen soucieux d’apporter sa pierre à l’édifice est bienvenu ! Pour cela 3 à 4 formations sont réalisées chaque année fin avril, afin de s’investir au mieux dans la mission.

Les faits marquants de la saison !

La saison a été marquée par des conditions météorologiques fortement pluvieuses ! Pour exemple, près de 250mm de précipitations ont été enregistrés d’avril à juin à la station de Méaulte (80), contre une moyenne de 160 mm. Ces conditions ont de toute évidence eu des effets sur la reproduction des busards :
- des essais d’installation sans suite, 9 couples ont présenté des comportements de cantonnement (utilisation d’une parcelle avec transport de matériaux et/ou passage de proies et/ou parade…), sans que la présence d’un nid puisse être vérifiée faute d’abandon rapide des lieux ;
- des problèmes d’incubation, avec de nombreux échecs de nids au stade œufs (sur 17 nids en échec, au moins 15 étaient au stade œufs). Notons que la prédation a également jouée un rôle ici, néanmoins ce constat reste plutôt inhabituel !
- des retards de nichées, avec un décalage d’au moins 3 semaines, le dernier jeune (un Busard Saint-Martin) a ainsi pris son envol le 25/08, alors que les dates limites se situent généralement fin juillet.

Heureusement, la météo a été plus clémente durant les mois de juillet et août et les micromammifères principales proies des busards semblent avoir été au rendez-vous.

Le nombre de nids repéré en zone agricole

En 2024, 38 nids ont été repérés au sein des cultures contre 21 en 2023. Une augmentation qui peut s’expliquer par les prospections supplémentaires réalisées entre Francastel (60) et Montdidier (80), mais aussi par la hausse du nombre de bénévoles impliqués, et également par l’investissement de l’association dans un drone thermique qui a fortement aidé aux repérages des nichées.

Les nids ont concerné 4 espèces de busards, avec un premier cas de nidification du Busard pâle (Circus macrourus) en Picardie, qui n’a hélas pas abouti faute de prédation des œufs avant l’installation de la protection.

En 2024, 57 jeunes ont atteint le stade de l’envol (50 en 2023). Le taux de réussite reste néanmoins faible cette année avec seulement 55 % des nids repérés ayant abouti à l’envol d’au moins un jeune, contre 81% en 2023. De même, on peut noter en 2024, une production relativement faible avec en moyenne 2,71 jeunes par nid, contre 2,94 en 2023.

Pour le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), l’année a été peu favorable, avec une production faible de 2,67 jeunes à l’envol/nid contre 3,25 en 2023. A noter cependant que le taux de réussite des nids de 75 %, reste proche des 80 % enregistré en 2023.
Pour le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), l’année a été marquée par un taux de réussite des nids faible (52%), mais la production reste intéressante avec 3,10 jeunes à l’envol/nid contre 2,67 en 2023. De plus pour cette espèce, le nombre de nids repérés a été particulièrement important avec 19 nids, contre 7 en 2023. L’explication est liée en partie aux recherches approfondies sur le secteur de Francastel/Montdidier, mais malgré tout une augmentation a été visible sur l’ensemble des secteurs suivis cette année en Picardie.
Enfin, l’année a été particulièrement défavorable pour le Busard cendré (Circus pygargus), avec un taux de réussite des nids de 50 % (64 % en 2023) et une production de seulement 2 jeunes à l’envol/nid (3,17 en 2023).

Les protections mises en place

En 2024, 16 nids ont été protégés, concernant 40 jeunes. Les protections ont joué un rôle notable pour limiter la destruction des nichées durant les travaux de fauche, avec 29 jeunes (51% des jeunes à l’envol) ainsi sauvés. Ce constat est particulièrement évident pour le busard des roseaux dont 88 % des jeunes ont pris leur envol après la moisson. Bien que difficile à apprécier, les protections ont probablement jouer un rôle important pour limiter la prédation des nichées, en les rendant inaccessibles des prédateurs terrestres (renards, mustélidés…) généralement durant 3 à 4 semaines.

Cette année, les cages dites « CNRS » ont été principalement utilisées comme moyen de protection. Ces cages de section carré, sont grillagées avec une armature en fer à béton et mesurent 1m20 de chaque côté pour 1 m de hauteur. Simple à installer, leur utilisation s’est avérée très efficace, hormis pour un nid où 3 jeunes ont été prédatés. Signalons que le nid en question était particulièrement visible des prédateurs, car situé dans une zone de champ versé. Pour remédier au problème, des canisses ont par la suite été posées autour des cages lorsque les nids étaient exposés.

Enfin, la médiation avec le monde agricole s’est globalement bien déroulée ! Sur la vingtaine d’agriculteurs contactés, la majorité ont plutôt bien accueilli notre démarche, voire se sont montrés très intéressés par les busards. Seuls deux d’entre eux se sont montrés peu coopérants, sans toutefois nécessiter une intervention de l’OFB. Rappelons que les busard jouent un rôle non négligeable dans la régulation des rongeurs au sein des cultures (consommation d’environ 1000 campagnols par an pour un couple). Une aide précieuse de mieux en mieux intégrée par les exploitants agricoles.

Les nids repérés en milieu naturel !

Des informations nous ont été remontées pour 10 nids en contexte « naturel » (hors zones cultivées), concernant :
- 6 nids de Busard des roseaux repérés en contexte de roselières, dans les vallées de la Somme et de l’Omignon (80), ainsi que les marais de Sacy (60) et de la Souche (02). Ces nids ont abouti à la production d’au moins 14 jeunes.
- 4 nids de Busard Saint-Martin, 3 observés au sein de boisements, dont un ayant donné 3 jeunes à l’envol, et 1 observé en zone de marais (roselière avec saules) avec au moins un jeune à l’envol.

Remerciements

A l’ensemble des bénévoles investis dans la mission ! Difficile de tous les citer sans en oublier ! Chacun a de nouveau apporté sa contribution via les échanges d’informations sur les listes de discussion comme le groupe WhatsApp, en participant aux formations, en contribuant au repérage des nids avec l’équipe salarié, en aidant à la médiation avec les agriculteurs ou encore en surveillant les nichées après les travaux de fauche… Une aide également apportée dans la communication, qui a permis la rédaction d’un article dans la lettre d’information de la msa : Moissons SOS busard en détresse.
Et on peut tout spécialement remercier Adrien Coulon (le stagiaire), Maxence Couchouron et Élisa Ratayzyk (les deux services civiques), ainsi que Élise Piron (en CDD) pour leur précieux coup de main cette année ! Ils n’ont rien lâchés ! :-)


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