L’émission d’Annick Bonhomme sur France Bleu Picardie à 7h50 et 15h45 .
Chaque jour en 3 minutes vous découvrez un sujet scientifique et patrimonial de Picardie. Aujourd’hui, des chroniques sur les hirondelles et les chauves-souris ont été enregistrées. Diffusion prévue courant septembre : tendez l’oreille pour les écouter : c’est par ici
4 chroniques :
POURQUOI LES HIRONDELLES PARTENT-ELLES À L’AUTOMNE ?
Les couples d’hirondelles mettent au monde une à deux nichées de 4 petits par an. Les premiers jeunes naissent en mai et d’autres arrivent en août.
Fin juillet, les premiers jeunes capables de se débrouiller seuls se rassemblent sur les fils électriques, les arbres sans feuilles ou les toits. Petit à petit d’autres jeunes et les adultes vont les rejoindre.
Et oui, c’est en ce moment, période de rentrée des classes, où les hirondelles prennent leur départ. En effet vous pouvez observer une centaine d’hirondelles le matin posées sur un toit ou des fils, puis dans la journée, toutes auront disparu direction le sud : l’Afrique.
Les groupes sont importants car un couple va mettre au monde 4 à 8 petits dans l’été.
Dans les zones de marais, les hirondelles se rassemblent sur les tiges de roseaux pour passer la nuit. Dès les premiers rayons de soleil, elles prennent leur envol : en quelques minutes elles ont disparu... A l’époque on interprétait leur disparition soudaine en pensant qu’elles s’enfouissaient dans la vase des étangs pour l’hiver.
L’Hirondelle rustique part l’Afrique de l’Ouest, et l’Hirondelle de fenêtre en l’Afrique de l’Est.
Mais pourquoi vont-elles si loin ?
C’est l’estomac qui guide leur route. Les hirondelles sont des insectivores strictes : elles ne consomment que des insectes qu’elles chassent en vol. Leur morphologie a évolué au cours du temps : leur bec est court mais très large. Elles avalent un maximum de proies tout en volant. Mouches, moustiques, papillons.... Tout y passe.
Tellement perfectionnées, elles ne peuvent pas chercher et attraper de graines ou d’autres nourritures.
Nous connaissons tous les rougegorges : en été eux aussi sont de grands consommateurs d’insectes ; leur bec fin et pointu leur permet aussi en hiver de chercher les graines dans la nature. Ils profitent des boules de graisse qu’on leur dispose, et cherchent sous les feuilles les insectes cachés.
L’hiver les populations d’insectes sont endormies, très peu de papillons ou moucherons volent. Sans nourriture les hirondelles mourraient de fim. En Afrique, la chaleur permet aux plantes de poursuivre leur développement, aux insectes également. Dans la pyramide alimentaire, les insectivores sont logiquement présents.
La distance pour arriver en Afrique est énorme pour un si petit oiseau ?
En effet, une hirondelles pèse 20 grammes, le poids de 4 morceaux de sucre pour vous donner une idée.
Un aller simple France-Afrique représente environ 6000 km qu’elles parcourent en une quinzaine de jours. Par jour, elle vole entre 8h et 12h.
A titre de comparaison, si un homme devait faire cette même distance, il devrait marcher pendant 7 mois !
Vous mentionnez différents noms d’hirondelles : rustique, de fenêtre. Il en existerait plusieurs ?
Tout à fait, en Picardie, 3 espèces se reproduisent : l’Hirondelle rustique et l’Hirondelle de fenêtre nichent au niveau des maisons, granges, garages, immeubles. Egalement l’Hirondelle de rivage qui s’nstalle dans un nid creusé dans la berge d’un cours d’eau.
Ne les confondez pas avec les Martinets noirs qui sont plus grands, totalement sombres et poussent des cris aigus en volant : ils ont un rythme de vie similaire aux hirondelles mais partent en migration vers l’Afrique dès la fin juillet.
POURQUOI GARDER DES NIDS D’HIRONDELLES CHEZ SOI ?
Les nids fabriqués par les hirondelles sont importants : ils leur permettent la reproduction des oiseaux : un couple, fidèle pour la vie, va y élever 1 à 2 nichées dans l’été. On comprend naturellement l’importance de les préserver.
La destruction des nids n’est-elle pas interdite par la loi ?
Tout à fait, que le nid soit occupé par les oiseaux ou vide, entre janv/déc, le détruire est une infraction. L’amende peut aller de 750 à 15 000 euros avec emprisonnement.
Si l’on est gêné par les fientes des oiseaux, il existe des solutions de bricolage simple.
Et puis, l’hirondelle est l’oiseau "porte-bonheur", l’oiseau qui fait le printemps.
Très grandes insectivores, les hirondelles mangent les insectes qui embêtent les jardiniers ou les agriculteurs, et puis elles mangent aussi les moustiques de nos jardins.
Quels sont les astuces pour bien vivre avec elles ?
Dans le cas où vous êtes ennuyés avec les fientes qui tombent sous le nid : vous pouvez installer une planchette en dessous. Cela préserve la carrosserie de la voiture ou l’appui de la fenêtre. Un nettoyage 1 fois par an sera nécessaire. Surle site internet de Picardie Nature, une fiche technique est téléchargeable pour vous conseiller.
Si vous avec besoin de faire des travaux sur une façade (fenêtre, peinture, crépis) , selon les cas de figure, les nids peuvent être conservés : c’est à vous de voir avec l’artisan les modalités. Picardie Nature peut aussi vous donner un conseil si besoin.
En choisissant la période automne/hiver pour mener les travaux, vous êtes assurés de ne pas déranger les oiseaux pendant la nidification.
Pour certains cas spéciaux où les nids naturels ne peuvent être conservés, installez aux mêmes endroits des nids artificiels : au retour des oiseaux en avril, ils se réinstallent comme si de rien n’était. Un dossier de validation sera à réaliser en lien avec les services de l’Etat.
Comment choisir le nid adéquat car il y a plusieurs espèces d’hirondelles ?
Nichant sur les bâtiments, il y a 2 espèces concernées : l’Hirondelle de fenêtre qui fabrique un nid quasiment clos puisqu’installé sur les façades, elle se protège des courants d’air et de la pluie.
La seconde est l’Hirondelle rustique qui fabrique un nid à demi-ouvert : installée dans les granges et garages, c’est chez elle qu’on voit les petits en rang d’oignons ouvrir le bec.
Vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas à nous contacter.
Si on constate que le nid est fragilisé, que peut-on faire ?
Les oiseaux maçonnent le nid comme nous fabriquions nos maisons en torchis : elle utilisent de terre boueuse, des tiges sèches, des crains de chevaux ou de vaches. Elles montent la maçonnerie par tranche de 3 cm, laissent sécher et poursuivent.
Pour leur réduire de longs déplacements, proposez-leur un bac plat avec de l’eau et de la terre argileuse à quelques mètres du nid : elles feront leur construction plus rapidement. Vous pouvez aussi installer à proximité un nid artificiel que vous aurez acheté ou fabriqué. Sur le site de Picardie Nature, vous retrouvez les fiches techniques en rapport.
En somme, vivre avec les hirondelles, c’est facile ?
Exactement, nous aimons tous ces oiseaux et les nids se détectent facilement. N’oublions par le Martinet noir ou les Moineaux domestiques car eux nichent dans les interstices des bâtiments. Ils sont aussi protégés par la loi et leur populations sont également fragilisées.
POURQUOI DOIT-ON PROTÉGER LA CHAUVE-SOURIS ?
Certains diront que la chauve-souris porte malheur, qu’elle est toute noire, de grande taille avec de grandes dents ! D’autres la voient comme un animal porte-bonheur comme en Chine, et disent qu’elles sont variées en couleurs et tailles, et surtout qu’il faut la préserver.
Il y a plusieurs raisons de préserver la chauve-souris : autant par le rôle clef qu’elle a dans la nature, que par les bénéfices rendus à l’homme.
En Europe, la chauve-souris est strictement insectivore. Chaque nuit du printemps à l’automne, une chauve-souris mange le tiers de son poids en insectes. Une Pipistrelle de 6 grammes mange 2 grammes de moustiques, mouches par nuit ! Multiplé par le nombre de chauves-souris chez nous, c’est conséquent.
La chauve-souris joue donc rôle de grand prédateur dans les écosystèmes : dans les potagers et cultures, elle limite les insectes ravageurs ; dans jardins, les bois et marais, elle limite par exemple les populations de moustiques.
Il existe d’autres bénéfices pour l’homme ?
En effet, le plaisir d’observer ces animaux et de les étudier.
La chauve-souris concerne, dans les Hauts de France, 23 espèces différentes. Bien qu’allant chercher leur nourriture dans les secteurs riche en biodiversité, les chauves-souris ont des gîtes variés. Certaines vivent dans les arbres à cavités toute l’année, d’autres utilisent des carrières souterraines, des greniers et toitures de maisons, immeubles et vieilles bâtisses.
Elles vivent à nos côtés. Le plaisir de les observer chez soi est important : vous voyez un individu de passage derrière le volet de votre maison, ou à la nuit tombée vous comptez avec impatience les dizaines de mamans chauves-souris sortant du pignon, signe que la maternité est regroupée. La cohabitation avec les chauves-souris chez soi c’est tout à fait normal.
Ont-elles vraiment besoin qu’on les préserve ?
Le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris a démontré que les populations de Pipistrelle commune, espèce qui était la plus courante chez nous, ont perdu 30 % de densité en 6 ans.
Préserver ces pipistrelles est possible avec l’engagement des propriétaires des maisons concernées. Ce qui est formidable dans l’étude et la conservation des chauves-souris c’est la collaboration entre les citoyens motivés et nous professionnels.
La préservation de la biodiversité est bien l’affaire de tous et ça marche.
QUAND SE DÉROULENT LES PARADES AMOUREUSES CHEZ LES CHAUVES-SOURIS
Généralement les périodes des amours chez les animaux c’est au printemps ! Mais chez les grands mammifères, la période des accouplements est en automne : le chevreuil, le cerf... mais aussi les chauves-souris malgré leur toute petite taille (un pouce) !
Les chauves-souris sont des animaux très discrets : elles sortent chasser le soir, elles gîtent dans les creux des arbres et des toitures : là où l’oeil humain n’accède pas. Parfois elles s’observent dans les greniers et les carrières souterraines.
Comment une chauve-souris va séduire un partenaire ?
En septembre et octobre, les adultes se regroupent la nuit à l’entrée de carrières souterraines. Elles volent, se poursuivent, poussent des cris que notre oreille ne peut pas entendre. Les chauves-souris vivant dans les arbres vont elles émettre des chants pour attirer les femelles, un peu comme les oiseaux.
Les individus vont s’accoupler plusieurs fois avec différents partenaires sur une partie de la nuit. Ces regroupements durent quelques heures et n’ont lieu que certaines nuits à l’automne.
Les chauves-souris peuvent venir de loin pour arriver sur ces lieux : c’est cela qui assure le brassage génétique des populations.
Pourquoi s’accoupler si tard en saison ?
Les chauves-souris sont en période d’activité du printemps à l’automne : au moment où elles ont de la nourriture disponible dans la nature : les insectes.
Sur 6 mois à peine, il n’y a pas assez de temps pour l’accouplement, la gestation, l’éducation du petit et la préparation à l’hibernation. Aussi elles prennent de l’avance.
Que se passe-t-il réellement pendant cette hibernation ?
Il s’agit d’une prouesse de la nature : la chauve-souris vit en léthargie, en sommeil très profond. Sa température intérieure peut descendre à 10 degrés, sa respiration descend au rythme de 1 fois par heure. Elle survit uniquement grâce à la graisse qu’elle a accumulée juste avant.
Les spermatozoïdes reçus des mâles sont conservés intacts dans les organes de la femelle. Si la chauve-souris réussit à survivre à l’hiver (toutes n’y arrivent pas), elle se réveille au printemps, avec le retour des insectes. C’est là qu’a lieu la fécondation puis démarre la gestation sur environ 6 semaines.
En mai, ce sont les naissances chez les chauves-souris : chaque maman a un seul petit (rares sont les jumeaux). Dans le groupe de femelles rassemblées en maternité, elle va s’en occuper jusqu’en août.
Une fois le petit autonome et émancipé, la femelle se prépare à l’hibernation et vit une nouvelle période amoureuse.
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